Bibliothèque aux couleurs

Acide tartrique

La vigne enracinée dans ce sol riche d’argile et de limon, esquissant les contours des coteaux des hauts d’Hermance, grandit sous la bienveillance d’hommes et de femmes de cœur, érudits et vivant en symbiose totale avec le monde végétal, perpétuant chaque jour, depuis plusieurs générations, les gestes justes de l’art de la vigne. La vigne puise profondément dans le sol, à chaque instant,  les minéraux et les nutriments essentiels à son épanouissement, et à sa propre survie, pour accomplir l’un des plus beau miracle de la vie, la fleur, puis le fruit.

Epitome du monde végétal, le fruits porte la vie et bien plus encore… Pressé, le mésocarpe donne un jus aux milles et unes vertus connues depuis des millénaires, contenant entre autre deux éléments constitutifs de la minéralisation, le potassium et l’acide tartrique, qui soumis ensemble à des températures inférieures à 4 degrés, se lient pour former un cristal en forme de prisme, incolore et transparent, composé de carbonate de calcium et de magnésium, tapissant ainsi les fûts et les tonneaux de vin. 

Mordant naturel utilisé dans la teinture végétale par les premiers tisserands, l’acide tartrique, ce résidus minéral hautement vibratoire , chargé d’amour et de passion, demeure un élément central dans ma quête empirique et alchimique de la couleur magique, celle qui vibre et qui vie par elle même, dans un dialogue invisible , un chant de la matière guidant mes traits, pour entrer en résonance avec le cœur de l’homme,  dans un tourbillon d’émotions.

Noir de vigne

Les jours de taille, à l’aube des fraîches matinées d’hiver, ou les premiers rayons du soleil, illuminent les bosquets figés dans une gelée glacée éphémère. je récupère les sarments que je dispose dans une boîte métallique, que je mets au feu. Privé alors d’oxygène le sarment se calcine, se craquelle, dans une danse constrictive, pour m’offrir un noir galactique, méditatif, aux reflets mat argentés.

Brou de noix

Un soir d’été, au crépuscule d’une lune majestueusement magnétique, je me souviens d’un moment de grâce inouïe, d’une légèreté astrale, où l’un des noyers du chemin de La Chapelle m’appelait à entrer en communion avec lui, sa densité m’aimantait. Son branchage fleurissait de jeunes bogues au vert vif et énergique. La ligne de temps s’effaçait peu à peu, au rythme que j’humais leurs parfums enchanteurs et addictifs, j’étais comme une abeille étourdie, noyée dans du pollen euphorisant. Avec sa permission divine, je récoltais quelques bogues éparses, tombées sur l’herbe grasse, pour les laisser macérer durant des mois dans de l’eau de pluie, afin d’en extraire le précieux brou aux reflets d’ambre.

Safran de Meinier

Parfois des gens ont des idées folles, persiflées par leurs mémoires de mioches rêveurs qu’ils étaient, guidés par cette lumière intérieure qui illumine leurs doutes sur le fil de la réalisation, ils sèment une graine, l’arrosent d’amour, et de « tu verras », dans une solitude ou seul le juste s’épanouit.

Par dessus les regards, au delà de ses frontières, il demeure convaincu… Quand soudain, cette graine devient une fleur au champs des possibles, dont j’extrais les molécules tinctoriales des pistils.

Pensées voyageuses et admiratives à l’homme de Meinier qui s’est réveillé un matin avec l’idée de cultiver du Safran sur les rives du lac Léman. 

La jonquille

La jonquille c’est l’orchidée des champs gelés, le tournesol d’hiver, une petite clochette qui sonne le temps d’aimer. Après une paisible macération, Les flavonoides contenu dans ses pétales se Libérent pour offrir un jaunes vibrant , éclatant et solide. Au même titre que le primevère, le tournesol, la chélidoine, le solidago virgaurea et le genêt.

Rouge de Valemossa

J’emprunte à la nature ce qui existe dans ma proximité immédiate pour le restituer sous forme d’abstractions magique et contemporaine. J’utilise certains minéraux,  et certaines plantes aux propriétés tinctoriales connues depuis des temps immémoriaux et oubliées depuis. Elle sont là, tout autour de nous, et m’appellent. Parfois c’est le rhizome, parfois la jeune pousse gorgée de tanins, et très souvent les anthocyanes contenues dans la fleur. 

Alors, selon les lunes, leurs énergies, l’instant de l’année, je cueille en conscience, parcimonieusement pour ne pas nuire , silencieusement pour écouter cette nature qui a tant à nous dire, et religieusement tant elle elle est d’une divine et époustouflante beauté.

Et parfois je cueille ailleurs, le temps d’un voyage, saisi par la beauté et l’énergie du lieu.

L’ocre est un subtil mélange d’argile, de quartz et d’oxydes, cette roche doit son allure et sa texture sableuse à son histoire.

Il y a plus de deux cents millions d’années, la Provence et les îles baléares étaient recouverte par les eaux. Suite aux changements climatiques, l’océan se retira laissant alors le sable ocreux dessiner des îles et des paysages aux milles nuances.  

J’apprécie particulièrement la nature sauvage et abrupte de l’île de Majorque, façonnée chaque jour par les caprices de la Méditerranée. 

En descendant du village de Valldemossa, arpentant les sentiers qui résonnent les préludes de Chopin, et dont la tramontane murmure encore les pensées de George Sand, je découvrais alors cette crique qui semblait vierge de toute influence. J’y empruntais quelques poignées de l’héritage du monde, pour en restituer l’intensité sur mes prochains ouvrages. 

George Sand écrivait ceci:“ l’esprit cherche et c’est le cœur qui trouve”. 

ARGILE GRISE

Travail de l’argile grise de la rivière « l’Hermance », elle porte la mémoire des mondes et vibre à une fréquence importante. 

J’utilise l’argile pour ces propriétés énergétiques d’absorption et de purification, sa mémoire des mondes, pour sa beauté organique et originelle; comme support pour mes œuvres, que je cisèle, afin d’en révéler la lumière; et comme charge minérale dans la Tempera à l’œuf.

Atelier des Nants

 

Forêt d’Hermance – Genève – Suisse

atelier@julienpeltier.com

Identité visuelle & conception web : dianeclaire.z &     

© Illyria Communication

© 2024 Julien_peltier

Crédit photographique : Vincent Sastre & Eliott Antoine

Extraits du court-métrage Alchemia réalisé par Stéphane Courbat