Au commencement était la terre et elle était riche et inépuisable

Devant l’inconnu, l’inconscient et le mystère des choses infinies, l’humain se retrouve face à un choix cornélien : que/qui croire ? Julien Peltier n’a pas choisi. Il chemine à travers le monde sensible, porté par son appel, au gré de ses pérégrinations, ouvert à toutes les formes de messages, à l’écoute des signes du destin et de l’univers.

D’aussi loin qu’il se souvienne sa vocation d’artiste est consubstantielle à son être.

Rêveur, attentif à la beauté telle une inaccessible étoile, il questionne inlassablement la nature et son être intérieur épais et foisonnant, ne s’encombre d’aucune contingence, polit ses pensées avec une brosse d’esprit des Lumières.

Dès les origines, il perçoit que sa quête sera sans fin, son goût de la perfection confinant à l’obsession.

La matière l’habite. L’étain dans sa prime jeunesse, les pierres précieuses à son mitan et désormais la peinture dont il se délecte des arcanes, ruses et secrets de fabrication.

Ce n’est pas un original, il sait être au monde, en connaît tous les codes, il en joue avec maestria. Mais au-delà du réel, il capte et sonde les signaux qui nous entourent, convoque la matière. Tel un druide, un alchimiste des temps modernes, mû par la lecture d’anciens grimoires et parchemins, il cherche, 8 années durant – chiffre mystique – la clé pour revenir à l’essence des teintes naturelles ; recrée les couleurs, comme une palette fondamentale, sans relâche, remettant mille fois l’ouvrage sur le métier sans chimie artificielle ou procédé contre-nature. La peinture comme expression humaine la plus pure, un ineffable retour aux sources. 8 années de langueur pour redécouvrir le chemin des décoctions, macérations, brûlages et autres techniques savantes, au moyen d’alambics, cornues, improbables appareillages d’un temps lui aussi révolu. Décrire le mode de fabrication de cette palette est improbable. Cueillettes au petit matin, forêts de hêtres, charmes, chênes berge de lacs, ruisselets ou rivières, fleurs, toutes concrétions terrestres dans leur chatoyance et leur brutalité première servent son objectif. 

La matière s’illumine, s’anime pour recréer ces substrats et autres précipités tout droit sortis d’un âge oublié. Un questionnement inlassable avec en point de mire la tenue des pastels, la qualité des ocres, la profondeur des noirs. Acta non verba.

Lorsque le temps fut venu, il coucha enfin sur la toile ses premières impressions ; jaillissement brut d’une pensée fertile, accrochée aux étoiles, telle une fulgurance.

Sa perception de l’univers est si vaste qu’elle lui prendra certainement plusieurs vies. Mais qu’importe, il crée, se ressource, vibre comme jamais, en communion avec la mémoire des mondes.

Illyria Pfyffer      

Les hommes doivent souffrir leur venue ici-bas,

comme leur envol ;

L’essentiel est d’être prêt.

William Shakespeare

Le Roi Lear

CORRESPONDANCES

La Nature est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles ;

L’homme y passe à travers des forêts de symboles

Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent

Dans une ténébreuse et profonde unité,

Vaste comme la nuit et comme la clarté,

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,

Doux comme les hautbois, verts comme les prairies

– Et d’autres, corrompus, riches et triomphants.

Ayant l’expansion des choses infinies,

Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,

Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.

Baudelaire – Les Fleurs du mal, 1857

« La majeure partie de son temps, Julien la passait chez son grand-père, artisan tapissier à quelques mètres de sa maison. Très créatif, il s’improvisait un temps ébéniste, un temps tapissier. Souvent, il laissait aller son imagination. Comme lorsqu’ il décida de repeindre tout l’intérieur de l’estafette de son aïeul… »

Gilles Peltier, père de l’artiste

Atelier des Nants

 

Forêt d’Hermance – Genève – Suisse

atelier@julienpeltier.com

Identité visuelle & conception web : dianeclaire.z &     

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© 2024 Julien_peltier

Crédit photographique : Vincent Sastre & Eliott Antoine

Extraits du court-métrage Alchemia réalisé par Stéphane Courbat