Quand je suis arrivé à Genève il y a presque dix ans, je prenais mon sac à dos, ma tente et de quoi écrire…En quête du sens que je souhaitais donner à ma vie, du lien étroit qui me liait avec force et aux énergies de ces lieux féeriques dont on me comptait les légendes. La terre du milieu, bordés de ses grands parapets, m’ouvrait alors ses portes. 
Mes pas me guidaient au grès des reliefs, et de mon courage; déterminé à contempler, cueillir et saisir l’essence même du sol qui porterai mes futures intentions. 
À travers les champs d’herbe grasse; le long des chemins aux fougères éternelles; des petites gares de hameaux aux ponts des bateaux à aube; durant un mois; des quais D’hermance, aux rives de la Soleure; des chutes
de Schaffousse, aux monts verdoyants de l’Appenzel; des gorges d’eau chaude ruisselante de la Tamina aux pics majestueux des Grisons; des cascades de Foroglio au berceau des fées à Leukerbad… Tandis que Je m’assoupissais au pied d’un marronnier centenaire, enraciné sur un balcons du Gambarogno, surplombant le lac Majeur, et résonnant avec la colline de Monte Verita, j’entendis le message des mondes à cet instant précis, puis je dessinais ma nouvelle vie sur les terres de Valloton, de Giacometti, d’Erni et de Hodler, puis j’ai embrassé la terre, et me suis installé à Hermance. 

 

….J’ai embrassé la terre, et je me suis installé a Hermance.

Mon but est simple mais le chemin pour y parvenir a été parsemé de doutes et d’obstacles inhérent à mon ignorance en matière de chimie.
Obstinément, depuis septs années, de façon empirique, par petits pas, j’essaye de comprendre les interactions complexes et invisibles entre les végétaux et les minéraux.
J’emprunte à la nature ce qui existe dans ma proximité immédiate pour le restituer sous forme d’abstractions magique et contemporaine. J’utilise certaines plantes aux propriétés tinctoriales connues depuis des temps immémoriaux et oubliées depuis.
Elle sont là, tout autour de nous, et m’appellent. Parfois c’est le rhizome, parfois la jeune pousse gorgée de tanins, et très souvent les anthocyanes contenues dans la fleur.
Alors, selon les lunes, leurs énergies, l’instant de l’année, je cueille en conscience, parcimonieusement pour ne pas nuire , silencieusement pour écouter cette nature qui a tant à nous dire, et religieusement tant elle elle est d’une divine et époustouflante beauté.

À l’atelier, je cuisine la couleur, par distillation, décoction, ou macération, en suivant scrupuleusement mes notes, mes constats, mes recettes, de toutes mes recherches précédentes, inscrites dans mes archives Alchimiques.
Le moment excitant de la réaction chimique arrive quand le macérât, le distillat ou la décoction entre en contact avec les éléments du monde minéral qui existe aussi dans ma proximité immédiate comme Le carbonate de calcium contenu dans la coquille d’œuf,la terre, l’argile contenant des aluminosilicates, l’acide, la cendre contenant de l’oxyde de calcium et de la potasse, l’acide tartrique contenu dans le raisin, l’acétate de fer, l’ammoniac dans l’urine, le magnésium dans l’ortie, les fongicides dans l’origan sauvage, etc…

La fusion se fait par gravitation puis par précipitation.
Les réactions sont d’une stupéfiante curiosité, d’une beauté extraordinaire. J’ai compris que L’alchimie c’était de vouloir faire dire autre chose à la nature, de percer ses secrets qui se révèlent aux justes et aux obstinés seulement.
Je soumet alors mon précieux précipité a la bonne volonté du soleil, La solution s’assèche , se craquelle, et le pigment naît.

Atelier des Nants

 

Forêt d’Hermance – Genève – Suisse

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Extraits du court-métrage Alchemia réalisé par Stéphane Courbat